Et si l’on commençait par éliminer…?

 

 

Un effondrement inévitable

Des voix s’élevaient déjà qui annonçaient un effondrement imminent de notre monde – d’importantes crises sociales, économiques et environnementales seraient à prévoir, conséquences de l’activité humaine effrénée et de son impact sur les changements climatiques. On ciblait même le début de cette débâcle pour 2025, avant de savoir qu’une pandémie se mêlerait de la partie, possible manifestation ou propulseur de cet effondrement de plus en plus à notre porte.

 

Il serait «Trop tard», pour reprendre le titre du livre de Harvey Mead, (Ecosociété, 2017), pour faire marche arrière. Cette vision tragique part du constat qu’il n’est plus envisageable de renverser les changements climatiques dans l’état actuel dégradé de la planète, avec le capitalisme et sa course sans frein à la croissance économique, avec les gouvernements en place qui refusent de s’engager pour ne pas nuire à l’économie de leur pays. Ce ne seraient pas quelques redressements ou solutions technologiques qui feraient une différence notable. Notre système est parvenu à dépasser la capacité des ressources naturelles de la terre de soutenir nos besoins.

 

Ce serait du déni de penser que la situation peut encore améliorée, au contraire, elle empire ! Ce déni empêche de prendre la véritable mesure de ce qui nous arrive et d’agir en conséquence.

 

Une occasion à saisir ?

Nous serions donc à la veille de bouleversements majeurs de la vie telle que nous la connaissons dans les pays riches. L’idée est séduisante, comme l’a été pour moi, jeune dans les années 1960, l’espoir que nous pouvions peut-être changer ce monde rigide sur le seuil duquel nous allions entrer. Il est bien tentant de penser que le système actuel a enfin atteint un point limite, que, les yeux pétillants, on peut se mettre à envisager un «meilleur» avenir. En même temps, je ne me fais pas d’illusion sur la possibilité de changements significatifs pour contrer les tendances destructrices de notre mode de vie privilégié. Mais que faire, quand on aime la vie malgré tout et qu’on s’inquiète pour elle ? On ne peut la laisser se dégrader sans rien faire.

 

Ce constat n’est pas facile à avaler, il est brutal, mais nécessaire. Pourquoi s’accrocher à un système qui court à sa perte et a contribué à scrapper la planète en créant des inégalités monstres ? En ce moment de notre histoire, il faut peut-être commencer à envisager la fin de ce monde dans lequel nous avons vu le jour et avons grandi. Véritablement envisager que certaines choses ne seront jamais plus pareilles, et que c’est correct ainsi. Regarder par en avant, courageusement. À la fois acceptation et renoncement. Loin du pessimisme.

 

Il n’en demeure pas moins que si nous nous dirigeons vers des changements devenus inévitables, ce sera d’abord douloureux. Il y aura des deuils à faire, des privilèges à perdre. La transition ne pourra s’opérer en douceur, mais sera une « adaptation radicale », comme en traite Jem Bendell dans un article (traduit en français) : http://lifeworth.com/DeepAdaptation-fr.pdf.

 

Si on affirme que c’est la crise la plus grave de l’histoire de l’espèce humaine – est-ce vrai ? en tous cas, on aime tellement croire que notre époque est formidable, exceptionnelle… –, cela supposera des gestes drastiques pour s’en sortir. Car pour y parvenir, tout plan ou changement devrait être pensé en termes de remise en question des fondements mêmes du système économique dominant et ne pas juste être une simple tentative de badigeonner le capitalisme en vert.

 

Puisqu’il faut bien commencer quelque part

Je propose qu’on élimine quelques chiffres. Pour échapper à la quantification, aux relations économiques qui conditionnent trop d’aspects de nos vies. On arrête cette obsession comptable de tout mesurer, codifier, calculer. Les objectifs à court et moyen terme, les données statistiques, les colonnes de chiffres, la production industrielle, les indicateurs de performance, le nombre de barils de pétrole, l’informatique et ses 1 et ses 0, le PIB, les budgets, les «vraies affaires». L’argent, le grand régulateur, l’heure, la grande organisatrice. Les applications qui mesurent tout, depuis les heures de sommeil, les battements de cœur, les pas quotidiens. Fini le calcul des kilomètres parcourus, des calories ingérées, du nombre d’heures de cours obligatoires.

 

Jetons dans le feu noir les additions qui accélèrent la consommation, les multiplications qui augmentent l’empreinte écologique, les divisions qui segmentent nos vies en trop de petites cases et nos sociétés en trop de catégories. Ne gardons que les soustractions pour viser en priorité une réduction marquée de notre impact néfaste.

 

Ainsi, ce qui n’est pas calculable acquiert le plus de valeur. Laissons-nous aller à imaginer ce qui émergerait alors…

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